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Disparition d’or en Guinée: le réseau présumé d’escroquerie organisée découvert Mohamed Bangoura Par Mohamed Bangoura

Mardi 3 Juin 2025

Depuis près de six mois, une affaire rocambolesque au sujet d’une importante quantité d’or défraie la chronique en Guinée Conakry. Une histoire qui met en cause des acteurs économiques, des institutions financières et des hauts responsables politiques de ce pays de l’Afrique de l’Ouest. Ce scandale d’affaire d’or tourne autour de la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG). Un réseau présumé d’escroquerie organisée et un homme d’affaires mauritanien du nom de Yacoub Sidya sont soupçonnés d’en être les principaux instigateurs. Mais, de quoi s’agit-il dans cette affaire ? Une enquête de la part des autorités guinéennes, menée par le Haut Commandement de la Gendarmerie nationale guinéenne, a permis de cerner ce dossier. Ces révélations exclusives que nous vous livrons ici sont les fruits de nos premiers éléments d’enquête après des séances de confrontations entre les personnes indexées dans l’affaire par les autorités guinéennes.


Un dossier épineux sous enquête

Les premières enquêtes, menées par le Haut Commandement de la Gendarmerie nationale guinéenne, ont permis de mettre au goût du jour des éléments troublants. Plusieurs confrontations entre les personnes citées dans cette affaire ont eu lieu. Les enquêteurs découvrent dans un premier temps un schéma complexe de détournement et de falsification de documents administratifs.

Selon nos sources bien introduites dans le circuit sécuritaire guinéen, Yacoub Sidya est présumé être la pièce maîtresse de ce réseau mafieux. Son rôle, selon notre interlocuteur, est très déterminant dans toute la chaîne opérationnelle. Interpellé, il sera en détention pendant plus d’un mois, entre décembre 2024 et janvier 2025, à la Gendarmerie guinéenne.


Mais sa libération, intervenue précisément le 25 janvier 2025, selon une autre gorge profonde autour de ce dossier, a été conditionnée par des engagements pris par des plus hautes autorités mauritaniennes, dont le retour sous 72 h de plus d’une tonne d’or guinéen bloquée par la raffinerie Émirat Miting (EMR), dont il est le représentant.

Yacoub Sidya a ainsi donc été libéré au premier chant du coq. Accompagné d’un gendarme guinéen, il a quitté Conakry pour Nouakchott, puis Dubaï, où devait s’effectuer la restitution.

Mais, une fois sur le sol de Dubaï, l’homme d’affaires a mystérieusement disparu des radars. Il a prétexté une hospitalisation urgente dans une clinique pour se fondre dans la nature.

Nos sources indiquent que pendant ce temps, ses téléphones sont restés éteints. Même les messages envoyés sont également restés sans réponse. Et sur place, le gendarme dépêché s’est retrouvé abandonné dans un hôtel, ainsi que la mission officielle guinéenne, composée de représentants de la Présidence et de la BCRG. Tous abusés et nargués par le sulfureux Yacoub Sidya sont rentrés bredouille à Conakry, le 18 février 2025.

Bien sûr, après plus de deux semaines d’attente à Dubaï, dans l’espoir d’une suite favorable à leur attente comme prévu. Mais, loin des autorités guinéennes de baisser les bras. Le regard est désormais porté ailleurs.

Selon notre même source, Tidiane Koita, le patron des orpailleurs guinéens, et Karamo Kaba, Gouverneur de la BCRG, étaient aussi sous le feu des interrogations de la Gendarmerie guinéenne avant ce tour de renard à Dubaï. Mais, nos sources indiquent qu’ils ont été blanchis, et pour motif, qu’ils ne semblent pas avoir d’implication directe dans le blocage de cette quantité d’or à Dubaï.

Quant à Tidiane Koita, ses aveux et pièces indiquent que son contrat avec la Banque centrale se limitait uniquement à l’approvisionnement en or. Il a également été confirmé à l’issue des débats chez le Général Balla Samoura, le patron de la Gendarmerie guinéenne, la réception de toutes les quantités d’or livrées par ce dernier.


Depuis quand remonte toutes ces péripéties ?

L’affaire remonte à février 2021, lorsque sieur Yacoub Sidya a proposé à la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG) l’ouverture d’un compte auprès de la société financière américaine Brink’s, destiné à recevoir le métal jaune guinéen après raffinage par la raffinerie EMR.

Sauf qu’à la surprise de tous, les investigations permettent à la Banque Centrale de la Guinée de découvrir que EMR n’a effectué aucun dépôt à la Brink’s. Et pire, le compte ouvert au nom de cette structure financière était un faux compte et n’avait jamais existé en réalité.

Brink’s a alors démenti avoir ouvert un compte au nom de la BCRG dans ses livres. Pourtant, la BCRG recevait les documents de dépôt d’or sur ce fameux compte ainsi que des factures au nom de la Brink’s, soigneusement falsifiées.

D’après les informations en notre possession, c’est le nommé Diafariou Bah, Auditeur Général de la BCRG, suspendu depuis janvier 2025, qui recevait ces documents et les attestait en complicité avec l’équipe de Yacoub Sidya, le cerveau du réseau. Il a prétendument validé ces documents en toute connaissance de cause, en étroite collaboration avec l’équipe de Yacoub Sidya.

Une complicité qui s’inscrit dans une relation de longue date, puisque des sources internes évoquent une ancienne amitié entre Diafariou Bah, Souadou Baldé, ex-vice-gouverneure de la BCRG, et l’homme d’affaires mauritanien.

Souadou Baldé, quant à elle, est suspectée d’avoir transmis des informations confidentielles de la BCRG au cabinet KPMG et à Yacoub Sidya, dans le but supposé de nuire au gouverneur en poste et de prendre sa succession. Doit-on croire qu’il s’agit d’un réseau structuré avec des complicités internes ?


Un réseau bien structuré avec des complicités internes

Le mode opératoire de ce réseau de trafic d’or est minutieux. La preuve : le 5 février 2021, date à laquelle les dossiers d’ouverture du fameux compte Brink’s ont été signés par l’ancien gouverneur Louncény Nabé, Karim Jendoubi en était le Directeur Général.

Peu après, en août 2021, Yacoub Sidya l’a recruté au sein de ses sociétés, Global Aviation et MSS Security, afin de bien faire fonctionner implicitement son réseau contre les intérêts miniers de la Guinée.

Même n’étant plus employé à la Brink’s, Karim Jendoubi a continué à produire et signer les documents au nom de la Brink’s que Yacoub Sidya envoyait à la BCRG. Ce qui lui permettait, selon les témoins des faits, à Yacoub Sidya de maintenir frauduleusement l’or guinéen à Dubaï, via sa société Phoenix Precious Metals et la raffinerie EMR, alors qu’il était censé être déposé sur le compte inexistant de la BCRG à la Brink’s. Évidemment, on peut croire sans se tromper qu’il y a des mains politiques noires derrière ces dossiers.

Les implications politiques et la visite surprise à Conakry

L’affaire de trafic d’or au pays du « Syli », actuellement dirigé par le Général Mamadi Doumbouya, a pris une dimension diplomatique avec la visite, le 10 mars 2025, du ministre mauritanien des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Merzoug, à Conakry.

Officiellement venu discuter de cette affaire, il devait être accompagné de Yacoub Sidya, l’auteur présumé des faits. Mais, ce dernier s’est finalement dérobé. Cela, parce que craignant probablement son arrestation relativement à l’épisode de sa fuite orchestrée à Dubaï.

Une réunion à huis clos s’est donc tenue tard dans la nuit dans un hôtel de la capitale guinéenne. Les détails de ces échanges restent pour l’heure confidentiels, selon notre source interne. Alors, quelle sera la suite de cette affaire ? Classée définitivement ou va-t-elle toujours continuer de livrer des surprises sur la raffinerie EMR ?



Mais, une chose est sûre : les autorités guinéennes sont à pied d’œuvre pour découvrir finalement le pot aux roses sur cette question d’intérêt national et sous-régional. Les autorités guinéennes et mauritaniennes ont, ensemble, fait le pari de faire toute la lumière sur cette affaire. D’où la sortie médiatique en parabole du Général Amara Camara, Ministre Secrétaire général à la présidence en ces termes : « Nous savons où se trouve notre or et nous savons comment ça va venir ».

Une affaire à suivre de très près !

Avec Chretiens.com et Crocinfos.net








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Israël-Iran : Le Moyen-Orient dans une guerre à hauts risques dans un monde déjà fracturé

Par Cheikh Sidati Hamadi
Analyste, Chercheur associé

L’Histoire a parfois des rendez-vous qu’on pressent inéluctables. Depuis plusieurs années, la tension entre Israël et l’Iran ne cessait de grimper, marquée par des frappes ponctuelles, des assassinats ciblés et des provocations mutuelles dans l’ombre. Mais, dans la nuit du jeudi 12 au vendredi 13 juin 2025, ce qui n’était jusque-là qu’une guerre larvée est devenu une réalité brutale : Israël a lancé une attaque aérienne massive contre plus d’une centaine d’installations militaires et nucléaires en Iran. Le monde est entré, à ce moment précis, dans une nouvelle ère de confrontation stratégique au Moyen-Orient.
Plusieurs villes stratégiques comme Téhéran, Tabriz et Qom ont été frappées. Selon les premières informations, de hauts responsables iraniens figurent parmi les victimes, notamment Hossein Salami, commandant en chef des Gardiens de la révolution, et Mohammad Bagheri, chef d’état-major des forces armées. Ce basculement marque un tournant majeur, non seulement pour la région, mais aussi pour l’équilibre fragile d’un monde déjà en proie aux crises systémiques.



Le choix stratégique de Tel-Aviv

Cette attaque constitue l’aboutissement d’années de tensions croissantes entre Israël et l’Iran. L’obsession de Tel-Aviv d’anéantir le programme nucléaire iranien remonte à plus de trois décennies. Mais cette fois, Benjamin Netanyahou a fait le choix d’une stratégie du fait accompli : frapper directement au cœur de l’appareil militaire iranien, au risque assumé de provoquer une escalade régionale incontrôlable.
La dévastation de Gaza ces derniers mois, le discrédit croissant d’Israël dans l’opinion publique internationale et l’isolement diplomatique progressif ont probablement précipité cette décision. Pour le Premier ministre israélien, ouvrir un nouveau front militaire permet de détourner l’attention internationale tout en resserrant les rangs internes autour d’une menace extérieure présentée comme existentielle.

Une asymétrie militaire flagrante

L’équilibre des forces militaires est déséquilibré. Israël bénéficie d’une supériorité technologique écrasante avec ses F-35I Adir, ses missiles balistiques Jericho III capables d’atteindre plus de 5 000 km, ainsi qu’un arsenal nucléaire officieux de 80 à 90 ogives, selon la Federation of American Scientists :
https://fas.org/nuke/guide/israel/nuke/
En face, l’Iran ne dispose pas de l’arme nucléaire, même si l’AIEA a récemment exprimé ses préoccupations quant à l’enrichissement accéléré de l’uranium :
https://www.iaea.org/newscenter/statements/iran-iaea-director-general-report-2025
Mais Téhéran compense par une capacité balistique dissuasive : des missiles comme le Shahab-3 ou l’Emad peuvent toucher Israël et les bases américaines environnantes.
La véritable force de l’Iran reste sa stratégie asymétrique via un réseau régional d’alliés :
_ Hezbollah au Liban avec plus de 100 000 roquettes (source : CSIS) : https://www.csis.org/analysis/hezbollahs-missile-arsenal.
_ Milices chiites en Irak
_Forces syriennes pro-iraniennes
_ Houthis au Yémen, capables de frapper l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.

Le spectre de la guerre généralisée

Le danger majeur n’est pas seulement le choc direct entre Israël et l’Iran, mais l’élargissement de l’affrontement à tout le Moyen-Orient. La mort de hauts responsables iraniens est une ligne rouge pour Téhéran.
Avec la riposte de l'Iran , plusieurs fronts pourraient s’enflammer simultanément :
_ Pluie de missiles sur Israël
_:Attaques contre les bases américaines en Irak et Syrie
_ Guérilla asymétrique dans tout le Levant
_ Menace directe sur le détroit d’Ormuz, passage vital pour 20 % de la production mondiale de pétrole :
https://www.eia.gov/todayinenergy/detail.php?id=52959
Avant l’attaque, le prix du baril avoisinait déjà 92 dollars. Si le détroit d’Ormuz est fermé ou si des installations pétrolières saoudiennes ou émiraties sont frappées, les prix pourraient s’envoler au-delà des 130 dollars, selon Goldman Sachs :
https://www.goldmansachs.com/insights/pages/energy-market-impact-israel-iran-tensions.html
Et ainsi, les conséquences seraient immédiates :
_ Inflation mondiale aggravée
_ Ralentissement de la croissance
_ Tensions sociales dans les pays importateurs d’énergie et de produits liés à l’énergie, notamment en Afrique, en Asie et en Europe.
_ La reconfiguration des alliances mondiales

Cette guerre intervient dans un contexte international délétère.

Le multilatéralisme est affaibli, l’ONU paralysée par le veto et incapable d’imposer la moindre résolution face aux crises, comme l’a montré son impuissance à Gaza :
https://news.un.org/fr/story/2024/12/1149022
Les États-Unis, bien qu’alliés traditionnels d’Israël, ont dénoncé ces frappes comme « unilatérales », signal d’une volonté de prise de distance prudente, même s’ils assistent Israël dans son système de défense antimissile et dans la logistique militaire.
La Russie, malgré ses difficultés en Ukraine, pourrait exploiter ce conflit pour affaiblir l’axe américano-israélien en soutenant discrètement l’Iran. Analyse : https://www.ispionline.it/en/publication/russia-middle-east-what-next-29575
Quant à la Chine, elle observe attentivement, prête à se présenter comme alternative diplomatique. Pékin, après avoir facilité en 2023 le rapprochement Iran-Arabie saoudite, cherche à imposer un ordre multipolaire par l’intermédiaire des BRICS+ :
https://www.aljazeera.com/news/2023/3/10/iran-and-saudi-arabia-agree-to-restore-ties-in-china-brokered-deal
L’Iran, membre des BRICS+ depuis 2025, voit dans ce conflit un levier d’affirmation géopolitique face à l’Occident :
https://www.brics2024.ru/news/2025/iran-officially-joins-brics-plus/.

Deux visions irréconciliables du Proche-Orient

Cette confrontation oppose deux visions irréconciliables :
Celle d’un Proche-Orient remodelé sous hégémonie israélo-occidentale, soutenu par les monarchies du Golfe et consolidé par les Accords d’Abraham : https://www.state.gov/the-abraham-accords/
Celle d’un axe de résistance chiite piloté par Téhéran, décidé à empêcher cette recomposition par tous les moyens.
Ce choc dépasse le cadre régional : c’est une bataille entre deux visions antagonistes du monde.

Un engrenage incontrôlable ?

Le plus grand danger est celui d’une escalade incontrôlable.
Aucun acteur majeur n’a intérêt à une guerre totale. Mais les logiques internes des deux camps y poussent mécaniquement :
En Israël, Netanyahou joue sa survie politique.
En Iran, le régime voit dans cette crise une occasion de renforcer l’unité nationale face aux crises internes, notamment les protestations sociales réprimées depuis 2019 :
https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2024/12/iran-protests-2024-deaths-and-arrests/
Partout au Moyen-Orient, des milices alliées attendent le signal d’entrée dans le conflit, qui pourrait basculer d’une confrontation stratégique à une guerre régionale généralisée.

Conclusion prospective

L’attaque israélienne contre l’Iran n’est pas seulement un épisode supplémentaire d’un conflit ancien : elle ouvre une brèche dangereuse dans un système international déjà fragilisé. Cette guerre, si elle s’étend, pourrait précipiter la transition vers un nouvel ordre mondial fondé non plus sur des règles communes, mais sur la loi brutale des rapports de force.
Le plus inquiétant réside dans la dynamique même de ce conflit : chaque acteur est pris dans une logique de survie interne autant qu’externe. En Israël, le pouvoir est fragilisé. En Iran, le régime utilise la menace extérieure comme exutoire à ses propres tensions sociales et politiques. Ailleurs, des puissances comme la Russie et la Chine y voient des opportunités pour accélérer le déclin de l’influence occidentale.

Trois chemins restent possibles :

1. Une guerre régionale totale, aux conséquences humanitaires, économiques et géopolitiques incalculables.
2. Un enlisement dans une guerre d’usure, prolongée, chronique, rythmée par des escarmouches successives.
3. Une désescalade diplomatique, arrachée sous pression internationale, mais insuffisante pour panser les fractures accumulées.
Dans tous les cas, le Proche-Orient s’impose à nouveau comme l’épicentre des fractures globales, et ce conflit cristallise une recomposition du monde qui ne sera ni paisible ni ordonnée.
Le choix entre diplomatie et chaos appartient désormais à l’ensemble de la communauté internationale. Reste à savoir si, face à la tentation du choc des puissances, la volonté collective de préserver la paix mondiale est encore suffisamment forte pour enrayer l’engrenage

15/06/2025