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Délits d’opinion et répression : LIBERTE SOUS CONTRÔLE – Madiambal Diagne empêché de voyager by Lequotidien 4 octobre 2024

Vendredi 4 Octobre 2024

Madiambal Diagne a été bloqué à l’Aéroport international Blaise Diagne de Diass par la police qui lui réclame un passeport diplomatique dont il n’est pas «détenteur». En dépit des vérifications, il n’a pas pu voyager.


Par Bocar SAKHO – L’Aéroport international Blaise Diagne de Diass est devenu un point de blocage pour de nombreux citoyens, empêchés de voyager pour des raisons politico-judiciaires. Madiambal Diagne a été bloqué hier soir à l’Aibd au moment de faire ses formalités policières. Pour quelles raisons ? «Je me suis présenté à l’aéroport pour aller en Europe et au Canada. La police de l’aéroport m’a demandé de restituer un passeport diplomatique sénégalais parce qu’il y a des instructions en ce sens», expose l’ancien Administrateur général du Groupe Avenir Communication. Madiambal Diagne a servi une réponse invariable : «je leur ai dit que je n’ai jamais eu un passeport diplomatique. Je n’ai jamais présenté à l’aéroport un passeport diplomatique», poursuit le journaliste. Bien sûr, il a toujours voyagé avec un passeport ordinaire. Mais, les vérifications n’ont pas permis de lever les doutes des policiers de l’aéroport. «J’ai toujours voyagé avec mon passeport ordinaire avec mes visas. Ça a été toujours le cas. Je leur ai demandé de vérifier dans leurs machines, parce que ce n’est pas la première fois que je voyageais. Jamais on n’a enregistré un passeport diplomatique à mon nom. Ils ont vérifié et ont constaté qu’il n’y a jamais eu de passage avec un passeport diplomatique», relate-t-il.

Les dossiers Cheikh Yérim et Bougane classés sans suite

Cette «évidence» n’a pas poussé les policiers à lever cette restriction. Car ils sont restés sur les «instructions» reçues de leur hiérarchie. «Ils ont persisté à dire qu’ils ont reçu des instructions, et ces instructions m’empêchent de voyager sans leur donner un passeport que je garderais par devers moi», poursuit M. Diagne.
«Je n’ai jamais eu un passeport diplomatique»
Aujourd’hui, Madiambal Diagne est tranché sur la question : «Je réitère encore une fois que je n’ai jamais possédé un passeport diplomatique. J’ai toujours refusé de l’avoir. Pourquoi me demande-t-on un document que je n’ai jamais possédé ? Qui n’existe pas ? Ils ne donneront jamais un numéro de passeport diplomatique à mon nom et la durée de validité. Je défie quiconque de me sortir une trace d’un passeport diplomatique possédé par Madiambal Diagne.»
Pour l’ancien patron du journal Le Quotidien, cette mesure est un alibi pour l’empêcher de sortir du territoire. «On ne m’empêche pas de voyager parce que je dois présenter un passeport diplomatique. Ils veulent m’empêcher de voyager alors qu’ils n’ont aucune raison de le faire. Ils ont tout essayé, cherché à me harceler, fait toutes les vérifications, mais ils n’ont rien trouvé contre moi. C’est cet alibi qu’ils trouvent, c’est désolant. Heureusement, j’ai pris sur moi de ne pas m’emporter, parce que c’était de la provocation. Ils cherchaient la petite bête pour pouvoir me coller des infractions. Je reste zen ! C’est peine perdue», ajoute-t-il. Finalement, il est rentré chez lui.

Y’en a marre recadre les autorités

Cet épisode sur les restrictions des libertés arrive dans un contexte politico-judiciaire extrêmement tendu. Après plusieurs heures de garde à vue, Cheikh Yérim Seck, Kader Dia, Bougane Guèye Dany dont les dossiers ont été classés sans suite, ont été libérés. Il s’agit d’une période de restrictions de libertés dénoncée par les défenseurs des droits de l’Homme et la Société civile.
Nos tentatives de joindre les services du ministère de l’Intérieur et de la police sont restées vaines.
bsakho@lequotidien.sn







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Israël-Iran : Le Moyen-Orient dans une guerre à hauts risques dans un monde déjà fracturé

Par Cheikh Sidati Hamadi
Analyste, Chercheur associé

L’Histoire a parfois des rendez-vous qu’on pressent inéluctables. Depuis plusieurs années, la tension entre Israël et l’Iran ne cessait de grimper, marquée par des frappes ponctuelles, des assassinats ciblés et des provocations mutuelles dans l’ombre. Mais, dans la nuit du jeudi 12 au vendredi 13 juin 2025, ce qui n’était jusque-là qu’une guerre larvée est devenu une réalité brutale : Israël a lancé une attaque aérienne massive contre plus d’une centaine d’installations militaires et nucléaires en Iran. Le monde est entré, à ce moment précis, dans une nouvelle ère de confrontation stratégique au Moyen-Orient.
Plusieurs villes stratégiques comme Téhéran, Tabriz et Qom ont été frappées. Selon les premières informations, de hauts responsables iraniens figurent parmi les victimes, notamment Hossein Salami, commandant en chef des Gardiens de la révolution, et Mohammad Bagheri, chef d’état-major des forces armées. Ce basculement marque un tournant majeur, non seulement pour la région, mais aussi pour l’équilibre fragile d’un monde déjà en proie aux crises systémiques.



Le choix stratégique de Tel-Aviv

Cette attaque constitue l’aboutissement d’années de tensions croissantes entre Israël et l’Iran. L’obsession de Tel-Aviv d’anéantir le programme nucléaire iranien remonte à plus de trois décennies. Mais cette fois, Benjamin Netanyahou a fait le choix d’une stratégie du fait accompli : frapper directement au cœur de l’appareil militaire iranien, au risque assumé de provoquer une escalade régionale incontrôlable.
La dévastation de Gaza ces derniers mois, le discrédit croissant d’Israël dans l’opinion publique internationale et l’isolement diplomatique progressif ont probablement précipité cette décision. Pour le Premier ministre israélien, ouvrir un nouveau front militaire permet de détourner l’attention internationale tout en resserrant les rangs internes autour d’une menace extérieure présentée comme existentielle.

Une asymétrie militaire flagrante

L’équilibre des forces militaires est déséquilibré. Israël bénéficie d’une supériorité technologique écrasante avec ses F-35I Adir, ses missiles balistiques Jericho III capables d’atteindre plus de 5 000 km, ainsi qu’un arsenal nucléaire officieux de 80 à 90 ogives, selon la Federation of American Scientists :
https://fas.org/nuke/guide/israel/nuke/
En face, l’Iran ne dispose pas de l’arme nucléaire, même si l’AIEA a récemment exprimé ses préoccupations quant à l’enrichissement accéléré de l’uranium :
https://www.iaea.org/newscenter/statements/iran-iaea-director-general-report-2025
Mais Téhéran compense par une capacité balistique dissuasive : des missiles comme le Shahab-3 ou l’Emad peuvent toucher Israël et les bases américaines environnantes.
La véritable force de l’Iran reste sa stratégie asymétrique via un réseau régional d’alliés :
_ Hezbollah au Liban avec plus de 100 000 roquettes (source : CSIS) : https://www.csis.org/analysis/hezbollahs-missile-arsenal.
_ Milices chiites en Irak
_Forces syriennes pro-iraniennes
_ Houthis au Yémen, capables de frapper l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.

Le spectre de la guerre généralisée

Le danger majeur n’est pas seulement le choc direct entre Israël et l’Iran, mais l’élargissement de l’affrontement à tout le Moyen-Orient. La mort de hauts responsables iraniens est une ligne rouge pour Téhéran.
Avec la riposte de l'Iran , plusieurs fronts pourraient s’enflammer simultanément :
_ Pluie de missiles sur Israël
_:Attaques contre les bases américaines en Irak et Syrie
_ Guérilla asymétrique dans tout le Levant
_ Menace directe sur le détroit d’Ormuz, passage vital pour 20 % de la production mondiale de pétrole :
https://www.eia.gov/todayinenergy/detail.php?id=52959
Avant l’attaque, le prix du baril avoisinait déjà 92 dollars. Si le détroit d’Ormuz est fermé ou si des installations pétrolières saoudiennes ou émiraties sont frappées, les prix pourraient s’envoler au-delà des 130 dollars, selon Goldman Sachs :
https://www.goldmansachs.com/insights/pages/energy-market-impact-israel-iran-tensions.html
Et ainsi, les conséquences seraient immédiates :
_ Inflation mondiale aggravée
_ Ralentissement de la croissance
_ Tensions sociales dans les pays importateurs d’énergie et de produits liés à l’énergie, notamment en Afrique, en Asie et en Europe.
_ La reconfiguration des alliances mondiales

Cette guerre intervient dans un contexte international délétère.

Le multilatéralisme est affaibli, l’ONU paralysée par le veto et incapable d’imposer la moindre résolution face aux crises, comme l’a montré son impuissance à Gaza :
https://news.un.org/fr/story/2024/12/1149022
Les États-Unis, bien qu’alliés traditionnels d’Israël, ont dénoncé ces frappes comme « unilatérales », signal d’une volonté de prise de distance prudente, même s’ils assistent Israël dans son système de défense antimissile et dans la logistique militaire.
La Russie, malgré ses difficultés en Ukraine, pourrait exploiter ce conflit pour affaiblir l’axe américano-israélien en soutenant discrètement l’Iran. Analyse : https://www.ispionline.it/en/publication/russia-middle-east-what-next-29575
Quant à la Chine, elle observe attentivement, prête à se présenter comme alternative diplomatique. Pékin, après avoir facilité en 2023 le rapprochement Iran-Arabie saoudite, cherche à imposer un ordre multipolaire par l’intermédiaire des BRICS+ :
https://www.aljazeera.com/news/2023/3/10/iran-and-saudi-arabia-agree-to-restore-ties-in-china-brokered-deal
L’Iran, membre des BRICS+ depuis 2025, voit dans ce conflit un levier d’affirmation géopolitique face à l’Occident :
https://www.brics2024.ru/news/2025/iran-officially-joins-brics-plus/.

Deux visions irréconciliables du Proche-Orient

Cette confrontation oppose deux visions irréconciliables :
Celle d’un Proche-Orient remodelé sous hégémonie israélo-occidentale, soutenu par les monarchies du Golfe et consolidé par les Accords d’Abraham : https://www.state.gov/the-abraham-accords/
Celle d’un axe de résistance chiite piloté par Téhéran, décidé à empêcher cette recomposition par tous les moyens.
Ce choc dépasse le cadre régional : c’est une bataille entre deux visions antagonistes du monde.

Un engrenage incontrôlable ?

Le plus grand danger est celui d’une escalade incontrôlable.
Aucun acteur majeur n’a intérêt à une guerre totale. Mais les logiques internes des deux camps y poussent mécaniquement :
En Israël, Netanyahou joue sa survie politique.
En Iran, le régime voit dans cette crise une occasion de renforcer l’unité nationale face aux crises internes, notamment les protestations sociales réprimées depuis 2019 :
https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2024/12/iran-protests-2024-deaths-and-arrests/
Partout au Moyen-Orient, des milices alliées attendent le signal d’entrée dans le conflit, qui pourrait basculer d’une confrontation stratégique à une guerre régionale généralisée.

Conclusion prospective

L’attaque israélienne contre l’Iran n’est pas seulement un épisode supplémentaire d’un conflit ancien : elle ouvre une brèche dangereuse dans un système international déjà fragilisé. Cette guerre, si elle s’étend, pourrait précipiter la transition vers un nouvel ordre mondial fondé non plus sur des règles communes, mais sur la loi brutale des rapports de force.
Le plus inquiétant réside dans la dynamique même de ce conflit : chaque acteur est pris dans une logique de survie interne autant qu’externe. En Israël, le pouvoir est fragilisé. En Iran, le régime utilise la menace extérieure comme exutoire à ses propres tensions sociales et politiques. Ailleurs, des puissances comme la Russie et la Chine y voient des opportunités pour accélérer le déclin de l’influence occidentale.

Trois chemins restent possibles :

1. Une guerre régionale totale, aux conséquences humanitaires, économiques et géopolitiques incalculables.
2. Un enlisement dans une guerre d’usure, prolongée, chronique, rythmée par des escarmouches successives.
3. Une désescalade diplomatique, arrachée sous pression internationale, mais insuffisante pour panser les fractures accumulées.
Dans tous les cas, le Proche-Orient s’impose à nouveau comme l’épicentre des fractures globales, et ce conflit cristallise une recomposition du monde qui ne sera ni paisible ni ordonnée.
Le choix entre diplomatie et chaos appartient désormais à l’ensemble de la communauté internationale. Reste à savoir si, face à la tentation du choc des puissances, la volonté collective de préserver la paix mondiale est encore suffisamment forte pour enrayer l’engrenage

15/06/2025