CONTRAT ASER/AEE POWER EPC. Le scandale de la dernière renégociation / À LA UNE, Actualites, Senegal, Société / Par Afrique Midi / 2 septembre 2024
Mardi 3 Septembre 2024
Dans l’accord signé entre l’Agence sénégalaise d’électrification rurale (Aser) et l’Espagnole Aee Power Epc, dans le cadre du marché d’électrification rurale au Sénégal, le propos élogieux du nouveau directeur de l’Aser se heurte à celui de l’ancien Dg et aux dénonciations de l’usurpation de paternité du projet du directeur de AEE Power Sénégal. Ce qui laisse penser à un scandale d’entente secrète entre l’Etat du Sénégal et l’entreprise espagnole au détriment d’un fils du pays.
Le nouveau directeur de l’Aser, parlant de la renégociation du contrat liant le Sénégal et Aee power Epc, magnifiera mettre le nombre de villages à électrifier -1 740 au lieu des 1 500 initialement prévus- et le transfert de compétences au profit de jeunes nationaux.
Non à la diabolisation politicienne
Baba Diallo, ancien directeur de l’Aser, sera très policé pour diluer la “chiffraille” sélective qui minimise l’état des lieux des marchés qu’il a laissés à son successeur à la boîte. “C’est une très bonne chose de renégocier un contrat, si les parties jugent nécessaire de revoir certaines clauses”, concède-t-il. Toutefois, à M. Sène, il signale que ce contrat, offre spontanée devant permettre d’électrifier, dans la première proposition, 928 villages, concerne les livrables en termes de kilomètres basse tension et moyenne tension. Et la société espagnole avait prévu, outre ces 928 villages, 650 Km de basse tension et 427 Km de moyenne tension. Selon M. Diallo, dans le processus de contractualisation, il a négocié 1 600 villages, même si dans les notes, il est dit 1 500 villages, avec une enveloppe de 91,834 milliards FCfa.
Vol de paternité de projet
L’Aser est comme électrocutée par les accusations de tentative d’usurpation de paternité contre certains responsables de l’Aser au bénéfice de l’entité espagnole. Selon des sources fiables, le projet d’électrification rurale est à l’initiative de Aee power Sénégal qui avait contracté avec l’Etat et l’entreprise espagnole pour un protocole d’entente, un contrat de prestation de service et de fourniture de poteaux électriques. Mais contre toute attente, les Espagnols ont résilié le contrat les liant en alléguant une perte de confiance.
Parfum de scandale
De trois au départ, l’électrification rurale se retrouve avec deux parties -l’Etat du Sénégal et la société espagnole- qui laisse en rade la troisième partie, Aee Power Sénégal qui crie à l’usurpation de paternité de projet. Cette entente entre deux pour exclure un tiers est comme de la friture dans l’électrification rurale. Cet air de scandale est d’autant plus gênant que le directeur de Aee power Sénégal, Mouhamadou Kane indexe des irrégularités et un détournement d’objectifs du contrat renégocié. Se voulant plus explicite, M. Kane précise que la garantie souveraine de l’Etat du Sénégal ne peut pas bénéficier à une entreprise étrangère. Mais ce même Etat prive une société nationale de son rêve de contribuer à l’électrification rurale. On n’a pas besoin de l’écouter pour deviner qu’il y a anguille sous roche pour ne pas dire argent sous le fil.
Parfum de corruption à 7 millions d’euros
Un parfum de corruption a vite flotté sur le contrat, les proches du nouveau régime sont soupçonnés d’avoir reçu des pots-de-vin à hauteur de 7 millions d’euros avancés pour casser le contrat des entrepreneurs Sénégalais au profit de la légion étrangère. Mais où sont passés le patriotisme et la préférence nationale vendus par le nouveau régime avec son slogan choc Jub, jubal, jubanti ? A y voir de près, le wengual circule entre les lignes de l’électricité rurale. À suivre…
Investi président de la BAD : défis et enjeux pour Sidi ould Tah
Elu président de la Banque Africaine de Développement (BAD), au troisième tour de scrutin, avec 76,18% des voix fin mai, l’économiste mauritanien, Sidi ould Tah, a été investi dans ses nouvelles fonctions ce lundi 01 septembre, au cours d’une cérémonie solennelle organisée dans le plus grand réceptif hôtelier de la capitale économique ivoirienne.
Un événement qui s’est déroulé en présence de plusieurs chefs d’états africains parmi lesquels Mohamed Cheikh El Ghazouani , tout le gotha de la finance, des affaires du continent et du monde. Aussitôt investi, le nouveau patron de la BAD a proclamé sa détermination à agir en faveur « de la construction d’une Afrique robuste et prospère » malgré un contexte marqué par de nombreux défis, qui indiquent clairement les enjeux aux quels doit faire face la Banque Africaine de Développement (BAD) au cours des 5 prochaines années. Le nouveau président de l’institution financière panafricaine « prend l’engagement de travailler dans un esprit de concertation et de collégialité, afin de poursuivre la mission qui nous unit : bâtir une Afrique robuste et prospère ».
Défection américaine et poids de la dette
Sur le » front » depuis plusieurs années, entre responsabilités gouvernementales et direction de la Banque Arabe pour le Développement Economique de l’Afrique (BADEA), le nouveau super banquier africain, est parfaitement conscient des défis et enjeux « réduction de l’aide internationale au développement, poids de la dette et impact négatif du changement climatique ». En effet, Sidi ould Tah prend les commandes BAD, dans un contexte compliqué de retrait des ressources américaines du Fonds Africain de Développement (FAD), le guichet concessionnel de l’institution financière panafricaine. Un gap de 427 millions de dollars, qui renvoie au redoutable défi des financements alternatifs. Un enjeu capital restitué à travers ce passage du discours du nouveau président de la BAD « l’Afrique nous regarde, la jeunesse nous attend, le temps est à l’action». Ainsi, au cours de ce mandat de 5 ans, la BAD doit faire face au problème de la recapitalisation, sous la poussée vertigineuse des demandes de financements, dans un contexte de baisse de l’aide publique. La question vitale de la transformation de l’institution, pour plus d’efficacité et une adaptation aux besoins des pays africains. Le financement du développement à travers une plus grande mobilisation des ressources. Un défi qui établit une jonction parfaite avec la nécessité de recapitalisation. Plus d’indépendance stratégique et soutien au secteur privé, véritable moteur de la croissance et de l’emploi, figurent également au rang des défis de la nouvelle administration de la Banque Africaine de Développement(BAD). Sidi ould Tah est un économiste mauritanien, natif de la région du Trarza (Sud/Ouest), âgé de 61 ans. Formé à l’université de Nouakchott et en France, il a été ministre de l’économie et Directeur Général de la Banque Arabe pour le Développement Economique de l’Afrique (BADEA), pendant une décennie. Fondée en 1964, la BAD, l’une des grandes banques multilatérales de développement, compte 81 pays membres, dont 54 africains. Le capital de l’institution est passé de 93 à 318 milliards de dollars sous la présidence du Nigérian AkiwumiAdesina, avec une notation AAA. Les ressources de la BAD, qui finance de nombreuses infrastructures sur le continent, proviennent des états membres, des emprunts effectués sur les marchés internationaux, des remboursements et revenus des prêts.