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La Mauritanie et le départ de Ould Abdel Aziz : Le Règne du Vide, quand un pays s’enlise dans l’immobilisme et la détresse sociale.

Dimanche 4 Mai 2025

Par Demba SEMEGA

Depuis l’arrivée au pouvoir de l’actuel régime, la Mauritanie traverse une période sombre, marquée par une triple crise : politique, économique et sociale. Malgré les promesses de réformes et de stabilité, la réalité quotidienne des citoyens est marquée par l’inaction, l’improvisation et un recul flagrant des acquis fondamentaux posés par Mohamed Ould Abdel Aziz, fondateur incontestable d’une Mauritanie moderne.


Nouakchott, la vitrine du pays, est aujourd’hui l’illustration parfaite de l’immobilisme du régime actuel. Depuis la fin du mandat du président Mohamed Ould Abdel Aziz, aucune infrastructure d’envergure n’a vu le jour. Les trois autoponts en cours de finalisation au carrefour Bamako, Madrid et Hay Saken avaient tous été lancés par l’ancien président. Faut-il six années de pouvoir pour mener à terme trois ouvrages déjà amorcés ? La réponse est aussi accablante que consternante : le pays est à l’arrêt.
 
Sur le plan judiciaire, le régime actuel a préféré l’acharnement politique à la construction d’un État de droit. L’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz est aujourd’hui poursuivi dans une affaire dite de «corruption», pourtant entachée de manipulations grossières et de conflits d’intérêts sans précédant marqué par l’impopularité d’un régime à cause de son incapacité à diriger un pays.
 
La commission parlementaire à l’origine du faut rapport qui a servi de base à sa poursuite a vu tous ses membres récompensés par des postes ministériels quelque temps après leur rapport parlementaire sur commande. Une telle collusion entre justice et politique décrédibilise toute prétention à l’objectivité ou à la transparence. Pis encore, la plupart des proches collaborateurs de Abdel Aziz sont toujours aux commandes, occupant des postes stratégiques dans les rouages de l’État, à commencer par le Premier ministre et le chef de cabinet du président. Quelle cohérence peut-il y avoir à poursuivre un homme tout en maintenant son entourage aux plus hautes fonctions si ce n’est de l’acharnement ?
 
 
La flagrance de l’incohérence incohérence conduit à porter un candidat à la présidence de la Banque africaine de développement (BAD), incarne cette contradiction, qui pourtant est acteur d’un accord controversé douloureux pour l’économie de ce pays… Des éléments révélés au cours du procès de l’ancien président, c’est lui le véritable signataire de l’accord controversé sur la construction de l’aéroport de Nouakchott, en sa qualité de ministre des finances de l’époque. Et pourtant, c’est l’ancien président qui est poursuivi pour ces fautes, tandis que l’un des véritable auteur est soutenu activement par l’État mauritanien dans sa course à la BAD, au mépris total de la vérité et de la justice.
 
Cette duplicité pose une question grave : à quel jeu joue-t-on avec l’image de la Mauritanie à l’international ?
 
La vérité est que les Mauritaniens font aujourd’hui face à une dégradation alarmante des services publics. L’école est sinistrée, les hôpitaux surchargés et démunis voire inexistants, l’accès à l’eau potable devient un luxe même dans la capitale Nouakchott, à Nouadhibou, à Kiffa… partout. Le minimum vital échappe aux citoyens. Le pouvoir, après après six ans, n’est pas capable de présenter un bilan concret dans les secteurs de base : éducation, santé, eau, électricité…. Un tel niveau d’incapacité est inédit.
 
La Jeunesse abandonnée, immigration massive, précarité et chômage endémique galopant : pour le mandat de la jeunesse. De qui se moque t’on vraiment ?
 
La récente bousculade au cours des dépôts pour le recrutement des sapeurs-pompiers a été un révélateur brutal de la détresse des jeunes. Pour quelques postes, des milliers de jeunes se sont rués dans une bousculade désespérée, symbole d’une jeunesse sacrifiée, d’un pays sans politique de l’emploi, sans vision pour l’avenir. Le régime actuel ne propose aucune stratégie sérieuse pour l’emploi des jeunes ou l’insertion des femmes, alors que ce sont les piliers d’un redressement économique durable.
 
Ce régime, qui devait incarner la continuité et la stabilité, est devenu le vecteur d’un malaise profond et d’un recul généralisé. Le peuple mauritanien mérite mieux ! Il mérite des dirigeants visionnaires, compétents, portés par l’intérêt général et non prisonniers de calculs politiques, de règlements de compte ou de logiques d’auto-préservation. L’heure est grave !!!
 
Il est temps pour les forces vives de la nation : les jeunes, les cadres, les patriotes de tous bords, de se lever pour proposer une alternative sérieuse, capable de rendre à la Mauritanie sa dignité et de remettre le pays sur le chemin du progrès à travers la justice et l’équité sociale comme gage d’un développement économique et sociale durable.
 
 
Demba SEMEGA
Nouakchott - Bordeaux
 



1.Posté par Moussa Mamadou Sy le 04/05/2025 09:04
Une vision positif est réel sur la situation de la Mauritanie Merci beaucoup Demba Semega pou cet appel.

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Israël-Iran : Le Moyen-Orient dans une guerre à hauts risques dans un monde déjà fracturé

Par Cheikh Sidati Hamadi
Analyste, Chercheur associé

L’Histoire a parfois des rendez-vous qu’on pressent inéluctables. Depuis plusieurs années, la tension entre Israël et l’Iran ne cessait de grimper, marquée par des frappes ponctuelles, des assassinats ciblés et des provocations mutuelles dans l’ombre. Mais, dans la nuit du jeudi 12 au vendredi 13 juin 2025, ce qui n’était jusque-là qu’une guerre larvée est devenu une réalité brutale : Israël a lancé une attaque aérienne massive contre plus d’une centaine d’installations militaires et nucléaires en Iran. Le monde est entré, à ce moment précis, dans une nouvelle ère de confrontation stratégique au Moyen-Orient.
Plusieurs villes stratégiques comme Téhéran, Tabriz et Qom ont été frappées. Selon les premières informations, de hauts responsables iraniens figurent parmi les victimes, notamment Hossein Salami, commandant en chef des Gardiens de la révolution, et Mohammad Bagheri, chef d’état-major des forces armées. Ce basculement marque un tournant majeur, non seulement pour la région, mais aussi pour l’équilibre fragile d’un monde déjà en proie aux crises systémiques.



Le choix stratégique de Tel-Aviv

Cette attaque constitue l’aboutissement d’années de tensions croissantes entre Israël et l’Iran. L’obsession de Tel-Aviv d’anéantir le programme nucléaire iranien remonte à plus de trois décennies. Mais cette fois, Benjamin Netanyahou a fait le choix d’une stratégie du fait accompli : frapper directement au cœur de l’appareil militaire iranien, au risque assumé de provoquer une escalade régionale incontrôlable.
La dévastation de Gaza ces derniers mois, le discrédit croissant d’Israël dans l’opinion publique internationale et l’isolement diplomatique progressif ont probablement précipité cette décision. Pour le Premier ministre israélien, ouvrir un nouveau front militaire permet de détourner l’attention internationale tout en resserrant les rangs internes autour d’une menace extérieure présentée comme existentielle.

Une asymétrie militaire flagrante

L’équilibre des forces militaires est déséquilibré. Israël bénéficie d’une supériorité technologique écrasante avec ses F-35I Adir, ses missiles balistiques Jericho III capables d’atteindre plus de 5 000 km, ainsi qu’un arsenal nucléaire officieux de 80 à 90 ogives, selon la Federation of American Scientists :
https://fas.org/nuke/guide/israel/nuke/
En face, l’Iran ne dispose pas de l’arme nucléaire, même si l’AIEA a récemment exprimé ses préoccupations quant à l’enrichissement accéléré de l’uranium :
https://www.iaea.org/newscenter/statements/iran-iaea-director-general-report-2025
Mais Téhéran compense par une capacité balistique dissuasive : des missiles comme le Shahab-3 ou l’Emad peuvent toucher Israël et les bases américaines environnantes.
La véritable force de l’Iran reste sa stratégie asymétrique via un réseau régional d’alliés :
_ Hezbollah au Liban avec plus de 100 000 roquettes (source : CSIS) : https://www.csis.org/analysis/hezbollahs-missile-arsenal.
_ Milices chiites en Irak
_Forces syriennes pro-iraniennes
_ Houthis au Yémen, capables de frapper l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.

Le spectre de la guerre généralisée

Le danger majeur n’est pas seulement le choc direct entre Israël et l’Iran, mais l’élargissement de l’affrontement à tout le Moyen-Orient. La mort de hauts responsables iraniens est une ligne rouge pour Téhéran.
Avec la riposte de l'Iran , plusieurs fronts pourraient s’enflammer simultanément :
_ Pluie de missiles sur Israël
_:Attaques contre les bases américaines en Irak et Syrie
_ Guérilla asymétrique dans tout le Levant
_ Menace directe sur le détroit d’Ormuz, passage vital pour 20 % de la production mondiale de pétrole :
https://www.eia.gov/todayinenergy/detail.php?id=52959
Avant l’attaque, le prix du baril avoisinait déjà 92 dollars. Si le détroit d’Ormuz est fermé ou si des installations pétrolières saoudiennes ou émiraties sont frappées, les prix pourraient s’envoler au-delà des 130 dollars, selon Goldman Sachs :
https://www.goldmansachs.com/insights/pages/energy-market-impact-israel-iran-tensions.html
Et ainsi, les conséquences seraient immédiates :
_ Inflation mondiale aggravée
_ Ralentissement de la croissance
_ Tensions sociales dans les pays importateurs d’énergie et de produits liés à l’énergie, notamment en Afrique, en Asie et en Europe.
_ La reconfiguration des alliances mondiales

Cette guerre intervient dans un contexte international délétère.

Le multilatéralisme est affaibli, l’ONU paralysée par le veto et incapable d’imposer la moindre résolution face aux crises, comme l’a montré son impuissance à Gaza :
https://news.un.org/fr/story/2024/12/1149022
Les États-Unis, bien qu’alliés traditionnels d’Israël, ont dénoncé ces frappes comme « unilatérales », signal d’une volonté de prise de distance prudente, même s’ils assistent Israël dans son système de défense antimissile et dans la logistique militaire.
La Russie, malgré ses difficultés en Ukraine, pourrait exploiter ce conflit pour affaiblir l’axe américano-israélien en soutenant discrètement l’Iran. Analyse : https://www.ispionline.it/en/publication/russia-middle-east-what-next-29575
Quant à la Chine, elle observe attentivement, prête à se présenter comme alternative diplomatique. Pékin, après avoir facilité en 2023 le rapprochement Iran-Arabie saoudite, cherche à imposer un ordre multipolaire par l’intermédiaire des BRICS+ :
https://www.aljazeera.com/news/2023/3/10/iran-and-saudi-arabia-agree-to-restore-ties-in-china-brokered-deal
L’Iran, membre des BRICS+ depuis 2025, voit dans ce conflit un levier d’affirmation géopolitique face à l’Occident :
https://www.brics2024.ru/news/2025/iran-officially-joins-brics-plus/.

Deux visions irréconciliables du Proche-Orient

Cette confrontation oppose deux visions irréconciliables :
Celle d’un Proche-Orient remodelé sous hégémonie israélo-occidentale, soutenu par les monarchies du Golfe et consolidé par les Accords d’Abraham : https://www.state.gov/the-abraham-accords/
Celle d’un axe de résistance chiite piloté par Téhéran, décidé à empêcher cette recomposition par tous les moyens.
Ce choc dépasse le cadre régional : c’est une bataille entre deux visions antagonistes du monde.

Un engrenage incontrôlable ?

Le plus grand danger est celui d’une escalade incontrôlable.
Aucun acteur majeur n’a intérêt à une guerre totale. Mais les logiques internes des deux camps y poussent mécaniquement :
En Israël, Netanyahou joue sa survie politique.
En Iran, le régime voit dans cette crise une occasion de renforcer l’unité nationale face aux crises internes, notamment les protestations sociales réprimées depuis 2019 :
https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2024/12/iran-protests-2024-deaths-and-arrests/
Partout au Moyen-Orient, des milices alliées attendent le signal d’entrée dans le conflit, qui pourrait basculer d’une confrontation stratégique à une guerre régionale généralisée.

Conclusion prospective

L’attaque israélienne contre l’Iran n’est pas seulement un épisode supplémentaire d’un conflit ancien : elle ouvre une brèche dangereuse dans un système international déjà fragilisé. Cette guerre, si elle s’étend, pourrait précipiter la transition vers un nouvel ordre mondial fondé non plus sur des règles communes, mais sur la loi brutale des rapports de force.
Le plus inquiétant réside dans la dynamique même de ce conflit : chaque acteur est pris dans une logique de survie interne autant qu’externe. En Israël, le pouvoir est fragilisé. En Iran, le régime utilise la menace extérieure comme exutoire à ses propres tensions sociales et politiques. Ailleurs, des puissances comme la Russie et la Chine y voient des opportunités pour accélérer le déclin de l’influence occidentale.

Trois chemins restent possibles :

1. Une guerre régionale totale, aux conséquences humanitaires, économiques et géopolitiques incalculables.
2. Un enlisement dans une guerre d’usure, prolongée, chronique, rythmée par des escarmouches successives.
3. Une désescalade diplomatique, arrachée sous pression internationale, mais insuffisante pour panser les fractures accumulées.
Dans tous les cas, le Proche-Orient s’impose à nouveau comme l’épicentre des fractures globales, et ce conflit cristallise une recomposition du monde qui ne sera ni paisible ni ordonnée.
Le choix entre diplomatie et chaos appartient désormais à l’ensemble de la communauté internationale. Reste à savoir si, face à la tentation du choc des puissances, la volonté collective de préserver la paix mondiale est encore suffisamment forte pour enrayer l’engrenage

15/06/2025